Le diner à bord du Nautilus

Un repas tout en produits de la mer !!!

J’étais gamin quand mes parents m’ont emmené voir 20000 Lieues sous les mers. Ce film de légende m’avait beaucoup impressionné à l’époque. Surtout au moment du repas à bord du NAUTILUS. Le professeur Aronnax et son majordome Conseil font preuve de retenue au fur et à mesure que le Capitaine Némo détaille le menu. Ce n’est pas le cas de Ned Land qui n’hésite pas à faire part de son profond dégout à la fin de la scène.

Tout le monde n’aime donc pas les plateaux de fruits de mer et les poissons ?

Je dois dire que le pudding de poulpes morts nés, cuits au four n’est pas très attirant, et l’on peut comprendre que Ned Land le recrache dans son assiette.
Mais cette réaction est plus fréquente qu’on peut le supposer. De nombreuses personnes ne mangent pas de poisson ni de produits de la mer en général par méconnaissance. Ou parce qu’elles ont été traumatisées très jeunes par les arêtes de poisson. Ou bien parce qu’on les a forcés à manger à la cantine des carrés de poisson à la sciure avec une improbable sauce pour en faire passer le gout immonde.

Il est vrai aussi que ce n’est pas toujours simple pour une ménagère de rentrer chez elle après ses courses et de sortir le poisson gluant du sac, d’en retirer les écailles qui sont autant de confettis qui vont se loger dans les moindres recoins de la cuisine.  De le vider de ses entrailles odorantes et moucheter de sang son espace de travail. Bon et après, il faut passer du temps à le cuisiner…

Votre poissonnier doit vous conseiller  et vous aider !

Votre poissonnier est là pour vous aider, à démystifier ce monde humide. Posez lui toutes les questions que vous souhaitez. Il n’y a aucune demande stupide! Les seules questions stupides sont celles que l’on n’a pas osé poser. Il doit aussi vous préparer le poisson à votre convenance, en fonction de la recette que vous imaginez ou que vous avez relevée dans un livre de cuisine. Il doit vous suggérer des préparations en fonction de vos désirs. Il doit vous renseigner sur la saisonnalité des produits: On ne mange pas d’abricots ou de pêches à Noël, tout comme on ne mange pas de Bar de Janvier à début Avril. Enfin, il doit vous proposer un choix large et de qualité. Tout ça avec amabilité et sourire s’il vous plait 🙂


Pour les amateurs de beaux textes, vous trouverez ci-dessous, la version originale du repas du Nautilus:

Au centre de la salle était une table richement servie. Le capitaine Nemo m’indiqua la place que je devais occuper.
« Asseyez-vous, me dit-il, et mangez comme un homme qui doit mourir de faim. »
Le déjeuner se composait d’un certain nombre de plats dont la mer seule avait fourni le contenu, et de quelques mets dont j’ignorais la nature et la provenance. J’avouerai que c’était bon, mais avec un goût particulier auquel je m’habituai facilement. Ces divers aliments me parurent riches en phosphore, et je pensai qu’ils devaient avoir une origine marine.
Le capitaine Nemo me regardait. Je ne lui demandai rien, mais il devina mes pensées, et il répondit de lui-même aux questions que je brûlais de lui adresser.
« La plupart de ces mets vous sont inconnus, me dit-il. Cependant, vous pouvez en user sans crainte. Ils sont sains et nourrissants. Depuis longtemps, j’ai renoncé aux aliments de la terre, et je ne m’en porte pas plus mal. Mon équipage, qui est vigoureux, ne se nourrit pas autrement que moi.

— Ainsi, dis-je, tous ces aliments sont des produits de la mer ?
— Oui, monsieur le professeur, la mer fournit à tous mes besoins. Tantôt, je mets mes filets a la traîne, et je les retire, prêts à se rompre. Tantôt, je vais chasser au milieu de cet élément qui paraît être inaccessible à l’homme, et je force le gibier qui gîte dans mes forêts sous-marines. Mes troupeaux, comme ceux du vieux pasteur de Neptune, paissent sans crainte les immenses prairies de l’Océan. J’ai là une vaste propriété que j’exploite moi-même et qui est toujours ensemencée par la main du Créateur de toutes choses. »
Je regardai le capitaine Nemo avec un certain étonnement, et je lui répondis :
«Je comprends parfaitement, monsieur, que vos filets fournissent d’excellents poissons à votre table ; je comprends moins que vous poursuiviez le gibier aquatique dans vos forêts sous-marines; mais je ne comprends plus du tout qu’une parcelle de viande, si petite qu’elle soit, figure dans votre menu.
— Aussi, monsieur, me répondit le capitaine Nemo, ne fais- je jamais usage de la chair des animaux terrestres.
— Ceci, cependant, repris-je, en désignant un plat où restaient encore quelques tranches de filet.
— Ce que vous croyez être de la viande, monsieur le professeur, n’est autre chose que du filet de tortue de mer. Voici également quelques foies de dauphin que vous prendriez pour un ragoût de porc. Mon cuisinier est un habile préparateur, qui excelle à conserver ces produits variés de l’Océan. Goûtez à tous ces mets. Voici une conserve d’holoturies qu’un Malais déclarerait sans rivale au monde, voilà une crème dont le lait a été fourni par la mamelle des cétacés, et le sucre par les grands fucus de la mer du Nord, et enfin, permettez-moi de vous offrir

des confitures d’anémones qui valent celles des fruits les plus savoureux. »
Et je goûtais, plutôt en curieux qu’en gourmet, tandis que le capitaine Nemo m’enchantait par ses invraisemblables récits.
«Mais cette mer, monsieur Aronnax, me dit-il, cette nourrice prodigieuse, inépuisable, elle ne me nourrit pas seulement ; elle me vêtit encore. Ces étoffes qui vous couvrent sont tissées avec le byssus de certains coquillages ; elles sont teintes avec la pourpre des anciens et nuancées de couleurs violettes que j’extrais des aplysis de la Méditerranée. Les parfums que vous trouverez sur la toilette de votre cabine sont le produit de la distillation des plantes marines. Votre lit est fait du plus doux zostère de l’Océan. Votre plume sera un fanon de baleine, votre encre la liqueur sécrétée par la seiche ou l’encornet. Tout me vient maintenant de la mer comme tout lui retournera un jour !
— Vous aimez la mer, capitaine.
— Oui ! je l’aime ! La mer est tout !

3 réflexions au sujet de “Le diner à bord du Nautilus”

  1. Je savais que tu avais été la doublure gastro… nomique de Kirk, là la ressemblance est frappante ! Félicitations pour ce blog poissonneux !
    On en reparle de vive voix ! Vive la poiscaille !!

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    • Hello Fanch,

      Et merci pour tes encouragements. Je te promets que quand tu passeras avec Élisa à l’appart, on ne mangera pas de poulpe à la Némo. Bonnes Vacances et à bientôt.

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